LE MADE IN PARIS : HISTOIRE DES ATELIERS DE COUTURE PARISIENS

“Pour beaucoup de clients de marques de mode, il est difficile d'envisager de continuer à acheter des vêtements faits à l'autre bout du monde, dans des conditions parfois contestables et à des prix que l'on a souvent du mal à justifier. Le "made in Paris" est un gage de réassurance : les clients sont sûrs que leurs vêtements sont fabriqués dans des conditions humaines.”

-Pierre-François Le Louët, président de la Fédération Française du Prêt à Porter féminin.

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Chez Les Vilains Parisiens, plus de 70 % de notre catalogue produits est fabriqué en France. Nous nous engageons à travailler avec des acteurs locaux et à utiliser des matières dont nous choisissons la provenance, avec un intérêt marqué pour le Made in France, et le Made in Paris

Nos iconiques Slack Suit sont confectionnés dans des ateliers parisiens : un atelier de patronage, un atelier de gradation et enfin un atelier en confection interviennent dans la création de notre costume cool. Nous tenons à travailler avec des partenaires locaux pour développer un circuit court et s’entourer des meilleurs savoir-faire

Retrouvez la Slack Jacket confectionnée dans notre atelier partenaire parisien

D’abord familiaux, puis développés en industrie textile et enfin mis à mal par la fast fashion, les ateliers de couture parisiens ont une histoire riche et fortement liée à celle de la ville de Paris, capitale de la mode. 

Vous souhaitez en savoir plus sur ces ateliers dont l’histoire remonte au 17e siècle ? Nous vous invitons à lire cet article.

L’HISTOIRE DES ATELIERS PARISIENS : HÉRITAGE D’UN SAVOIR-FAIRE À LA FRANÇAISE

Naissance des ateliers familiaux et artisanaux

Jusqu’au 17e siècle, la production de vêtements est quasiment inexistante en France. C’est au 17e siècle qu’on voit apparaître les ateliers artisanaux en milieu urbain, et les ateliers familiaux dans des milieux plus ruraux. En ville, les ateliers servent aux artisans de lieu de confection, mais aussi de point de vente. Certains artisans travaillent cependant en collaboration avec des négociants qui leur fournissent les matières premières, et se chargent de commercialiser les produits finis. 

C’est aussi durant cette période que naissent les manufactures, qui regroupent alors plusieurs dizaines d’ouvriers fabriquant des produits à la main. Tous ont un métier différent, mais travaillent à la production d’un même objet.

Dans le milieu de la mode, on compte plus de 3 000 couturières à cette époque. La majorité est employée par des tailleurs en tant qu’ouvrières, mais nombreuses sont celles qui travaillent également à leur propre compte.

Révolutions Industrielles : l’artisanat et l’industrie s’opposent

Alors qu’aux 18 et 19e siècles, la couture se développe, l’industrie de la confection aussi. Les ateliers familiaux se multiplient, et les manufactures ateliers s’agrandissent, regroupant des centaines d’ouvrières couturières. À  Paris au 18e, le secteur du textile et de l’habillement compte plus de 40 000 artisans et ouvriers, c’est-à-dire un tiers des ouvriers parisiens. Ils travaillent en majorité dans la fabrication des tissus, de la filature à l’impression. L’artisanat de l’habillement et l’industrie du textile s’opposent, mais ne se menacent pas encore. Le nombre de couturières indépendantes augmente également, l’économie de l’habillement est en pleine croissance et fournit du travail à de nombreuses couturières, mais les salaires restent irréguliers et faibles pour la grande majorité d’entre elles.

Les Révolutions Industrielles transforment la ville de Paris en une ville moderne. C’est durant la seconde moitié du 19e siècle que naissent les Grands Magasins, donc l’architecture étonne par leurs grandes verrières, mais surtout par leur façon de vendre : on vend plus, moins cher, et les articles se renouvellent régulièrement. Au Bon Marché est le premier grand magasin, créé en 1852 par Aristide Boucicaut rue de Sèvres, dans le 7e arrondissement, qui devient Le Bon Marché en 1989. On voit également naître Le Petit Saint-Thomas, Les Grands Magasins du Louvre, le BHV, le Printemps Haussmann, La Samaritaine et Les Galeries Lafayette.

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L’industrie du textile, une industrie de l’immigration

La croissance grandissante de l’industrie du textile explique l’arrivée d’étrangers au cours du 20e siècle, venant combler les besoins grandissant de main-d’œuvre bon marché. Des hommes et des femmes du monde entier viennent alors travailler derrière les machines à coudre à Paris. En 1901, on compte 9 410 personnes arrivant de Belgique, d’Allemagne, d’Italie et de Suisse travaillant dans des petits ateliers de sous-traitance pour l’industrie du vêtement. En 1910, 8 860 Juifs russo-polonais travaillent dans des ateliers de confection parisienne. Après la Première Guerre mondiale, des Juifs polonais et turcs ainsi que des Arméniens les rejoignent pour travailler à leurs côtés dans le vêtement à Paris, en grande majorité dans le quartier de Belleville. Pendant l’Entre-deux-guerres, 70 % des ouvriers du vêtement sont des Juifs d’Europe orientale. L’arrivée d’immigrés à Paris est telle qu’en 1926, le travail des étoffes est la seconde activité professionnelle la plus importante chez les immigrés, après le commerce. Après la décolonisation des années 1950 et 1960, ce sont davantage les Juifs d’Afrique du Nord qui rejoignent les ateliers parisiens.

Les années 1960 étant marquées par une croissance économique mondiale, on assiste à l’élan du sportswear, renforçant plus que jamais la nécessité d’une main-d’œuvre à bas coût.

“La rapidité est devenue inséparable de la nouveauté : il faut créer constamment de nouveaux modèles, réassortir en permanence pendant la saison, et donc maintenir des rythmes de production frénétiques”

-Nancy L.Green, historienne spécialisée dans l’histoire des migrations contemporaines

Dans les années 1980, ce sont davantage des Serbes, des Turcs, des Kurdes et des Chinois qui rejoignent les ateliers. Le quartier Chinatown de Paris devient alors l’un des points centraux de la confection textile à Paris, rejoignant le Pletzl, le Sentier, Belleville ou encore Issy-les-Moulineaux. On compte alors 15 000 ouvriers dans la couture dans ce quartier. À la fin du siècle, ce sont cette fois-ci plutôt des Pakistanais, des Sri-Lankais, des Mauriciens, des Sénégalais et des Maliens qui rejoignent les ateliers parisiens. Mais la fin du 20e siècle est aussi marquée par le déclin du secteur de la confection et de la couture causé par la hausse des importations et des délocalisations.

Raréfaction des ateliers artisanaux

Au début des années 2000, le textile rencontre des difficultés face à la concurrence des Chinois qui augmente, suite à la libéralisation des importations de biens et services. Les grands magasins de prêt-à-porter s’approvisionnent en masse en Chine, les prix étant plus que favorables. Les immigrés chinois installés à Paris à la fin du 20e siècle voient leurs entreprises enracinées, ils baissent leurs marges, vendent en grande quantité et à bas prix, concurrençant alors les ateliers parisiens installés avant eux.

Après la rénovation de certains quartiers comme celui du Sentier, l’activité de couture s’amaigrit et les ateliers en étages disparaissent, laissant place à des commerces de bouche et des vitrines. Après la crise de 2008, le textile parisien se relocalise en grande majorité à Aubervilliers et se fait plus rare dans les quartiers traditionnels. On assiste à la construction de centres commerciaux dédiés aux grossistes, les entrepreneurs chinois du Sentier s’y installant en nombre.

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LES ATELIERS PARISIENS AUJOURD’HUI : VALORISATION DU COMMERCE LOCAL

L’héritage des ateliers ayant évolué au cours des siècles, on compte désormais à Paris 400 ateliers consacrés à la mode. Et ceux-ci tournent à plein régime. La fabrication parisienne, plus locale que le Made In France, conquis aujourd’hui le cœur des Français, mais aussi celui des étrangers, pour qui la qualité et le savoir-faire à la française comptent plus que tout.

L’accent mis sur le local

Plus local que le « Made in France », la fabrication parisienne en attire plus d’un. Pour des jeunes créateurs comme pour de nombreux consommateurs, privilégier un circuit court est une priorité actuelle.

Pour les jeunes marques de mode, faire fabriquer ses pièces à Paris permet de rester proche de ses ateliers. Elles conservent ainsi un œil sur la chaîne de production, tout en ayant une certaine proximité avec des ateliers familiaux à taille humaine, aux savoir-faire rares : il s’agit avant tout d’une collaboration.

Chez Les Vilains Parisiens, nos pièces de chaine et trâme sont imaginées dans notre boutique, dans le Marais. Elles sont ensuite confectionnées dans un de nos quatre ateliers partenaires parisiens, pour ensuite être vendues sur notre eshop et dans notre boutique.

Retrouvez le Slack Pants confectionné dans notre atelier partenaire parisien

Le label « Fabriqué à Paris », gage du savoir-faire à la Française

Lancé en 2017, le label « Fabriqué à Paris » est une nouvelle appellation créée par la ville de Paris pour valoriser cet artisanat parisien et le commerce local. Il est attribué à des produits dont la majorité de la fabrication a lieu sur le territoire parisien. Une telle étiquette est un rappel du lien historique liant Paris et la Haute Couture.

Pouvoir afficher « Paris » sur ses produits est une preuve de qualité pour les Français, comme pour les étrangers. Obtenir ce label permet en effet de développer son rayonnement à l’étranger : fabriquer à Paris permet d’étendre son attractivité à l’international. Pour les consommateurs du monde entier, acheter un produit 100 % parisien est un gage de savoir-faire à la Française.

« Être « made in Paris » nous donne une flexibilité et une réactivité uniques et nous permet d’améliorer notre stratégie de production »

- Benjamin Pincemaille, cofondateur de la marque de maroquinerie parisienne Tammy et Benjamin

Une prise de conscience écologique

Confectionner dans des ateliers français à Paris, c’est aussi limiter les intermédiaires, et donc l’impact écologique. On assiste à une prise de conscience chez les consommateurs qui veulent donner du sens à leurs achats. Ils souhaitent davantage de transparence de la part des marques, et de traçabilité quant aux vêtements qu’ils achètent. À l’heure de la surconsommation, les mentalités évoluent, notamment suite à des évènements marquant comme l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh en 2013, réveillant les consciences quant aux conditions de travail déplorables des ouvriers dans certains ateliers du monde.

Acheter français est aujourd’hui une quête grandissante chez les consommateurs souhaitant participer à une mode plus responsable. Vous souhaitez en savoir plus sur le Made in France, et nos engagements en tant que marque pour une fabrication française ? Nous vous invitons à lire notre article LE LABEL EPV, UN LABEL DE CONFIANCE, décryptant Le Made in France.


SOURCES :